Une chaîne de télévision pour chien

La télévision soigne tous les maux, y compris la déprime de nos compagnons à quatre pattes ! Tel est du moins l’argument massue des initiateurs de DogTV, la première chaîne de télévision créée spécialement pour les chiens, qui a démarré, fin février, en Californie. Lancée à San Diego par la société israélienne Jasmine Group, cette chaîne du câble propose, moyennant un abonnement de 4, 99 dollars par mois, quelque 800 programmes de trois à cinq minutes chacun, exclusivement adaptés aux besoins de la race canine. Colorisation de l’image pour l’adapter à la vue du chien, amplification des sons qui attirent son attention, plans tournés “du point de vue” de l’animal : rien n’a été laissé au hasard….

Le concept d’une télévision pour chiens fait sourire, mais cela n’a rien d’un gadget, assure Ron Levi, l’initiateur du projet. Né à New York, cet ancien animateur radio âgé de 38 ans, qui a grandi en Israël, a consacré près de quatre ans et demi à vérifier son intuition de base : à savoir que les chiens peuvent mieux supporter la solitude et surmonter “l’angoisse de la séparation” grâce à des programmes télé adéquats. Il fallait y penser…. “A la base, c’est en observant les réactions de mon chat, à qui je faisais régulièrement écouter du jazz en mon absence, que l’idée m’est venue, en 2006, de développer des contenus pour animaux de compagnie”, poursuit Ron Levi. Partant du constat qu’il n’existait rien sur le marché, hormis une brassée de DVD peu sophistiqués, l’entrepreneur se met en tête de valider scientifiquement son projet.

Une fois compulsés les travaux de bioacoustique dédiés aux animaux de compagnie, il met sur pied un comité d’experts. Le développement de DogTV s’appuie ainsi sur les conseils du chercheur Nicholas Dodman, un comportementaliste canin reconnu qui officie à l’université Tufts (Massachusetts), de la dresseuse de chiens britannique Victoria Stilwell, ou encore de l’activiste pour la protection des animaux Warren Eckstein. En parallèle, des tests sont réalisés à domicile auprès d’une trentaine de toutous. “On s’est aperçu, par exemple, que les chiens détestaient entendre des aboiements filmés”, glisse le concepteur de DogTV. Résultat : la grille de la chaîne se segmente en trois types de programmes, ceux ayant un effet relaxant, ceux de nature à stimuler, et ceux qui encouragent les bons comportements du chien.

Surtout, Ron Levi parvient à convaincre Jasmin Group, l’un des champions israéliens des formats télé, d’entrer dans l’aventure. L’avènement de la télévision digitale et des écrans plasma accélère le lancement du projet : exit le scintillement de l’image sur le téléviseur de nature à gêner le téléspectateur à quatre pattes, précise-t-on chez DogTV. Une société ad hoc voit le jour, PTV media Ltd, en référence au terme générique Pet TV, qui laisse présager des déclinaisons infinies. “On envisage à terme de répliquer le modèle sous le label CatTV, sourit Ron Levi, mais pour l’heure, il y a d’autres priorités.

Après San Diego, considéré aux Etats-Unis comme un paradis pour chiens, les promoteurs de DogTV comptent étendre la couverture à l’ensemble du territoire américain. Voire tester la formule au Japon, second marché mondial des animaux de compagnie. De là à imaginer que les annonceurs entrent dans la danse, il y a un pas. Certes, au Royaume-Uni, un fabricant de nourriture pour chiens vient de lancer la première publicité direct to dog, audible par les seuls meilleurs amis de l’homme. Mais l’essai n’est pas suffisamment probant pour intégrer ce paramètre dans un business plan…

Nathalie Hamou